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L' Ile Nue

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les avis de Cinemasie

4 critiques: 4.62/5

vos avis

30 critiques: 4.04/5



Xavier Chanoine 4 Savoureux exercice de style rythmé par une musique extraordinaire.
Ordell Robbie 5 Simple mais jamais vu
Ghost Dog 4.5 Esclaves de la terre
drélium 5 Le temps infini du labeur
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Savoureux exercice de style rythmé par une musique extraordinaire.

Il faut reconnaître que l'incroyable exercice de style opéré par Shindo évoque à maintes reprises le cinéma muet. Mais il s'avère davantage silencieux dans la mesure où il n'y a tout simplement aucun dialogue, à contrario d'une majorité de films muets accompagnés de pancartes textuelles. Ici, Shindo nous invite à suivre une famille de paysans et leur dur labeur quotidien, à travers tout un panel d'émotions, seule forme de communication avec le spectateur. C'est là aussi où le bas blesse puisque ce cinéma, silencieux, logiquement muet, aurait pu aller encore plus loin. Ces émotions ne m'ont pas paru assez appuyées, subsiste alors une trop grande distance d'appréhension entre les émotions des protagonistes et mon regard de spectateur, critique ou non. En revanche, L'île Nue arrive à être absolument extraordinaire, par petites touches, à des moments bien précis. Extraordinaire pour la beauté définitive de ses images, ses panoramas, la justesse des placements de caméra et surtout extraordinaire pour sa musique, lancinante et entêtante; à mon sens la plus belle jamais composée pour le cinéma nippon classique.

21 avril 2007
par Xavier Chanoine




Simple mais jamais vu

Rien n'est plus complexe et élaboré que la simplicité. Car l'Ile Nue est d'autant plus beau qu'il ne claironne pas sur tous les toits son expérimentation. Son audace, c'est de saisir à la volée les gestes quotidiens, les émotions ordinaires: joie, fatigue, lassitude, rage devant la mort. Et c'est aussi son scénario à la fois rudimentaire (répétition des gestes, enregistrement quasi-documentaire du travail journalier) et mythologique (une version insulaire sur grand écran du Mythe de Sisyphe). Chaque son est naturel et rudimentaire (vagues, bruit de rames, choc des pas sur le sol, vent heurtant les herbes, eau qui se déverse) mais pourtant d'une grande richesse émotionnelle. La réalisation semble évidente et sans effets (le dyptique plan fixe/travellings suivant les déplacements des personnages tout juste parsemé de caméras tanguant au rythme des barques) alors qu'elle est très réfléchie: l'émotion des personnages est d'autant plus poignante qu'elle est filmée à distance, la caméra est attentive à des détails tels que les pieds filmés en gros plan, la louche déversant l'eau sur les plantes, les viages des personnages et leurs sentiments. Les vues amples de l'ile (le superbe et long travelling panoramique d'ouverture entrecoupé de plans sur la terre et les paysans) et les nombreux plans panoramiques replacent le dur labeur des personnages dans un contexte de lutte vaine contre une nature qui au final aura toujours le dernier mot. Kaneto Shindo réussit à captiver le spectateur avec des plans d'aller-retours d'une vague sur une plage alors qu'un oursin flotte, un travelling suivant la course d'un enfant vers le rivage, un plan montrant l'effort pour amener de l'eau sur des hauteurs. La musique joue superbement sur l'idée de répétition: presque toujours, c'est le meme et superbe thème qui revient mais exprime des émotions différentes en fonction de l'instrument qui le joue (qui va de la flute à la superbe voix de cantatrice en passant par des violons symphoniques). Le film est rythmé par des plans de musiciens vetus de masques traditionnels rythmant l'oeuvre de la nature par leurs roulements de tambours. Et quand le film se déplace vers la ville ou le télésiège, il retrouve le burlesque originel du cinéma muet (mais la scène de l'arrivée des enfants pour les funérailles évoque aussi Chaplin). Car ici le dialogue est inutile: les visages des personnages suffisent à faire passer leurs joies, leurs hésitations, leurs déceptions, sans jamais verser dans la dramatisation. Une gifle, le cri de lassitude d'une femme face à la nature sont d'autant plus poignants qu'isolés par la bande son.

On a un pied dans le jamais vu, le hors norme mais dans le meme temps près des origines du cinéma: un cinéma muet où la musique, le son, les visages priment. Et cette audace dans le retour aux sources du cinéma a eu au moins un brillant héritier: le Suwa de M/Other et son cinéma simple et neuf dans un meme mouvement. L'émotion de l'ordinaire des instants quotidiens a trouvé dans le cinéma japonais une ile accueillante pour un bon bout de temps.



26 juin 2002
par Ordell Robbie




Esclaves de la terre

On dit souvent qu’au cinéma, simplicité rime avec beauté et pureté. L’adage se vérifie ici admirablement : Shindo ne s’embarrasse d’aucun dialogue pour décrire la vie harassante de 2 paysans et de leurs 2 enfants qui ont eu l’idée saugrenue de s’isoler du monde en allant cultiver une île déserte où l’on ne trouve pas le moindre atome d’eau douce. La force principale du film vient de sa forme, à commencer par ses magnifiques images (le plan d’ouverture est un splendide survol d’hélicoptère du caillou entouré d’eau), mais également sa musique de toute beauté qui féconde l’image comme l’eau féconde la terre. Avec ses 2 éléments réunis harmonieusement, plus besoin de paroles, on est tout simplement envoûté.

A travers les scènes répétitives de la vie quotidienne, Shindo réussit l’incroyable pari de transformer les porteurs d’eau en gladiateurs des temps modernes, et l’escalade des collines de l’île en véritable épreuves épiques. Si la femme craque à un moment donné, c’est probablement parce qu’elle ne ménage pas ses efforts physiques, en faisant parfois plus que son mari ; mais devant l’obstination de ce dernier, elle finit par se résigner… Hymne à l’abnégation, au courage et à la vie, L’île Nue ne fait que montrer des gens travaillant corps et âmes uniquement pour subvenir à leurs besoins, mais le fait si bien qu’elle prend immédiatement une dimension universelle, et surtout hautement tragique lorsque les paysans se rendent compte qu’ils ne sont pas récompensés de leurs efforts, mais qu’ils ne peuvent malgré tout faire autrement que de continuer leur tâche herculéenne jusqu’à l’épuisement final : la mort.



19 janvier 2002
par Ghost Dog




Le temps infini du labeur

primitif, insensé, éprouvant, monstrueux... primordial, pictural, symphonique, gigantesque : humain.

L’ile nue est une expérience de cinéma unique et primordiale. Un film sans parole qui laisse l’esprit du spectateur voguer librement sur une musique cyclique sublime et un cadre naturel hors norme pour l’éprouver petit à petit et subitement le saisir en plein cœur dans le silence le plus total.

A titre d’explication, mon esprit s’est tout d’abord évadé, les yeux perdus dans la beauté paisible de l’image et du rythme immuable de leur tâche insensée. J’ai pensé un instant que ça allait être long, très long. Puis c’est la claque au propre comme au figuré, et bientôt le film se termine et là c’est tout le contraire : c’est déjà fini !

J’aurais voulu rester encore et encore spectateur de la beauté qui les entoure, de leur vie si parfaitement mise en scène pendant des heures et surtout les voir s’en sortir et finalement triompher. Mais c’est la vie, continuer son chemin coûte que coûte. Peu importe les épreuves et la finalité...

L’île nue prend aisément la place du plus beau film asiatique que j'ai vu juste devant Ivre de femmes et de peinture et Les démons à ma porte. Une expérience simple, minimale et puissante, très puissante.

Merci Wild side et merci à vos critiques sans lesquels je serais passé à côté d’un autre chef d’oeuvre. Un de plus au pays du soleil levant.

22 mars 2004
par drélium


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